En route pour le volcan de Tanna
Dimanche 16 février 2020
Une certaine excitation nous empare : nous allons enfin savoir à quoi ressemble ce fameux volcan ! Il faut faire un saut de puce en ATR72 pour changer d'île : voici Tanna.
Puis nous sommes pris en charge par un vanuatais qui nous attendait avec son pick-up pour nous conduire au pied du volcan : 23 km de route à parcourir en 1h30 !???
Enfin ! Nous apercevons le Yasur fumant. Yasur est un petit volcan actif dans une caldeira que l'on devine bien sur cette photo. Une caldeira est une dépression crée par l'effondrement d'un volcan bien plus vaste qui un jour a explosé de manière apocalyptique en vidant sa chambre magmatique sous-jacente. Les montagnes que l'on devine à droite, et que nous descendons en voiture après avoir passé un petit col, sont le reste de l'ancien cratère bien plus gigantesque donc.
A partir de là, la route se transforme en piste. Une piste taillée dans des mètres d'épaisseur de cendres volcaniques, accumulation de poussières de basalte noir. Piste ravinée facilement par les pluies régulières.
Voilà pourquoi il nous faut une heure et demi pour parcourir cette "petite" distance. Ici on ne compte donc pas les trajets en km, mais en temps nécessaire.
C'est d'autant moins rapide que cette piste est utilisée par de nombreux piétons.
En nous approchant du volcan, nous traversons une vaste plaine fantômatique de cendres, juste sous le vent dominant par rapport au cratère. On se croirait sur la Lune ou sur toute autre planète étrange et inhospitalière. C'est une sorte de Sahara en noir !
Et c'est là qu'on nous explique que tous ces marcheurs sont, en ce dimanche soir, les jeunes qui rejoignent leur école en deux ou trois heures de marche. Comme l'école est "loin", ils y vont à pied, et donc y seront logés durant la semaine. Le vendredi après-midi, la migration en sens inverse devra s'effectuer avant la nuit ...
Sérieux ? il faut traverser ici ?
Plus loin, nous retrouvons une piste "normale" dans la végétation épaisse, puis nous montons une dernière pente archi raide pour trouver notre hébergement familial au sommet d'une colline de laquelle nous avons tout loisir d'observer et surtout d'entendre le Yasur.
Nous voici enfin arrivés à notre gîte.
Notre bungalow est des plus modeste, mais nous disposons de l'eau courante grâce à un captage à 3 km plus en amont.
Nous avons donc un robinet (l'eau est un peu chargée en poussière de basalte) et des douches (froides) avec WC attenants derrière Josiane.
C'est somme toute très bucolique et bien planté de nombreuses plantes qui délimitent espaces et chemins d'une case à l'autre. La case est décorée avec des bandes de tissu, mais les poussières volcaniques entrent continuellement par chaque orifice. C'est sommaire, et cela nous fait réaliser la vie quotidienne des habitants du Vanuatu.
Nous disposons d'un "restaurant" dans lequel on nous sert les petits déjeuners et de bons plats au dîner, le tout confectionné avec les moyens du bord. (Aller faire des courses, s'il n'y a plus de confiture, c'est 3 h de route quand on a une voiture, alors plus de confiture au petit dej quand des gourmants ont vidé le pot égoïstement ...). Avec l'humidité (thé au goût de champignon et sucre à la poussière du Yasur), nous comprenons l'état de certains ingrédients : il faut l'accepter ou aller ailleurs.
Il faut accepter d'être heureux avec ce que l'on a ici. C'est la philosophie de nos hôtes qui tiennent ce gîte. Il n'y a pas d'électricité en 220 V, ils font la lessive à la rivière, et gèrent la nourriture sans réfrigérateur. Bien sûr pas de télé, ni d'ordinateur, ni de tablette de jeux etc.
Seul accès à notre technologie, les panneaux solaires pour fournir un peu d'éclairage le soir, un groupe électrogène durant 2h le soir [(carburant très cher) pour recharger les appareils des clients] et leur télépone portable (rechargé dans les voitures) qui leur pemet de communiquer entre eux et de se rendre mutuellement et continuellement service dans cette vie compliquée.
Ils sont pauvres, nous a dit la maman, mais ils sont heureux. Ils n'ont pas de tentation consumériste, ... mais pour combien de temps encore ?
Alors pourquoi avoir choisi un gîte si rustique ? Pour vivre la réalité des gens d'ici et, bien sûr, pour être au plus près de Yasur que nous voyons fumer et entendons gronder 24 h sur 24 !
Nous ne nous lassons pas de contempler cette puissance sortie des entrailles de la Terre.