Phil et Jo aux antipodes

du 9 au 12 mars 2020

 Voilà cette fois notre voyage est terminé.

Plus de quatre mois d'aventures, de découvertes et de rencontres inoubliables que nous partageons au travers des 117 messages illustrés des 2562 photos de ce blog.

La rédaction s'en termine maintenant, mais il sera consultable de nombreuses années encore.

Il faut, le coeur serré dire adieu à nos amis qui sont nos familles de coeur.

Nous remercions Johannès et Françoise pour leur fidèle amitié.

Nous retrouvons Dominique chez Germain son beau-frère qui nous a concoté un repas fabuleux ... salade de poisson à la tahitienne, langouste à l'armoricaine, et en dessert, glace vanille dans une crêpe avec chantilly et fruit de la passion. Les produits ont été rapportés de Maré, l'île de d'origine de Germain.

Le dernier dimanche, nous l'avons passé à la plage avec la famille de Madeleine pour partager un dernier repas constitué des nombreux plats et desserts apporté par les uns et la autres.

Et comme c'est la journée de la femme, les voici mises à l'honneur par ce souvenir.

Un seau plein de mangues a régalé nos sens ....

La veille du départ, nous rencontrons une dernière fois Dominique. Suzanne travaillant à Lifou, nous n'avons pas pu la saluer physiquement.

Et le jour du départ, avec Madeleine, nous nous imprégnons une dernière fois de la forêt tropicale humide, en faisant une petite marche dans la forêt des Koghis dominant Nouméa.

Voilà, c'est fini.

Dans la nuit il nous faut prendre l'avion. Il est au trois quart vide en raison de la planète qui commence à se figer à cause de l'épidémie de Covid-19.

Nous survolons les montagnes enneigées du Japon,

Enfin, après avoir survolé la Sibérie et le nord de l'Europe, nous arrivons dans une Alsace détrempée, sombre et froide.

Mais cette froideur a été compensée par la chaleur de l'accueil surprise des copines "oranges" de Josiane. Heureusement qu'elles étaient là pour atténuer le choc du contaste de lumière.

POST SCRIPTUM

Même rentrés, vite remis dans le bain des travaux urgents d'une maison à ranger et d'un jardin à remettre en état, nos têtes sont et resteront encore bien des années aux antipodes et proches de nos amis.

Nous ne leur dirons jamais assez merci pour leur gentillesse, leur accueil, leur disponibilité.

Le post scriptum flotte dans notre jardin en mémoire des extraordinaires moments australiens et vanuatais.

Et les odeurs d'un cake à la banane kertzfeldois évoquent les saveurs des plats ultramarins que nous avons partagés avec tant de fraternité.

Philippe et Josiane.

9 mars 2020

Voici quelques moments choisis de ces plongées... l'eau nous porte, on est en apesanteur totale et l'on se déplace librement dans les trois dimensions : on est libre ! C'est ce qui nous motive pour prendre le bateau par tous les temps (ou presque).

De nombreux "spots" de plongées sont à proximité de Nouméa, pour y accéder un zodiac spécialement aménagé est indipensable. Nous nous rendons dans les passes (de la Dumbéa, de Boulari ...) dans le grand récif qui se trouve à 25 km du port de la Moselle.

Ou bien, dans le lagon même, se trouvent quantité de "patates" de corail ou d'îlots dont la proximité regorge de vie.

De nombreuses merveilles se trouvent à de petites profondeurs, entre 0 et 10 m, pour d'autres, nous sommes allés les chercher plutôt vers 20 ou 25 m (dans les passes).

La magie de la photo, c'est de pouvoir capter quelqu'uns de ces moments fugaces. Sous l'eau, tout est en perpétuel mouvement : les courants, les poissons, les vagues .... On ne peut pas prendre le temps de la contemplation. Celle-ci vient maintenant par les souvenirs entretenus par ces clichés.

Alors place au rêve devant tant d'êtres vivants différents et merveilleux ...

Arrivé sur le grand récif ...

... voici quelques paysages ... avec corail géant encroûtant, corail en branches

Cette photo de gauche, je l'aime bien, car on voit que les poissons perroquet qui broutent petits organismes et corail (sur la photo ci-dessus à droite) nous laissent, en échange, échapper par leurs petits postérieurs, un joli sable qui tombe doucement en de petits nuages blancs, et qui viendra illuminer les plages une fois ramené par les courants....

On rencontre des multitudes de poissons solitaires ....

   ... comme ce gros dawa, ou cet énorme napoléon de plus d'un mètre ...

poisson trompette

... toutes sortes de loches, poissons de la famille des mérous

... d'autres en petits groupes

ou carrément en bancs innombrables  ...

poissons-lime orange

carangues

  La vie des récifs, n'est pas faite que de poissons :

... bénitier avec à son pied, deux coraux capables de se déplacer (l'un ovale et l'autre rond)

là, une anémone repliée sur elle-même

... ici, un poulpe qui se cache dans un creu ...

mille holothuries (concombres de mer) aux formes variées ...

On trouve aussi ce truc, qui n'est pas une bouteille, mais un des milliers d'obus que les américains ont simplement jeté à la mer par caisses entières, à la fin de la 2ème guerre mondiale, lorsqu'ils ont quitté la Calédonie qui leur a servi de base pour verrouiller l'avance des japonais dans le Pacifique.

Si la vie sous-marine est également faite de miniatures comme ces nudibranches qui sont de petites limaces ...

... on espère bien sûr y trouver de grands frissons, et on aime se sentir en communion avec des forces qui nous dépassent.

La rencontre avec un ou deux petits requins ne laisse pas indifférent ...

.... alors, quel émerveillement lorqu'accroché au bord d'un tombant par 25 m ...

... on observe le ballet d'une trentaine de grands squales ...

Du ballet des raies manta, on ne se lasse pas ...

... et l'on ressent toujours une forte empathie pour les tortues ...

C'était ma dernière plongée dans le plus grand lagon du monde. C'est pensif et silencieux qu'on rentre à Nouméa.

Cette planète est vraiment magique : toutes ces plantes, toute cette vie aquatique, pourquoi des hommes se mettent-il en tête d'aller voir sur d'autres planètes ?

Rien n'est plus beau et extraordinaire que ce qui se trouve sur la Terre. Le miracle est ici et maintenant. Sachons le voir et le protéger.

5 mars 2020

La fin de notre long voyage de 4 mois approche. Il ne reste plus qu'une semaine pour profiter de la Calédonie. Aussi nous faisons ce jeudi une boucle en voiture dans cet étrange sud aride et inhospitalier. (C'est la plus petite boucle à l'est dessinée sur la photo satellite)

Nous longeons le lac barrage de Yaté vers l'est.

Du haut du col descendant vers la commune de Yaté, nous dominons le lac qui s'étend vers les montagnes à l'ouest, sur 15 km.

L'eau s'échappe du barrage par des conduites forcées souterraines qui sortent de la montagne au dessus de l'embouchure de la rivière Yaté pour faire tourner les turbines avec un maximum de dénivelé. L'eau de la rivière colore le lagon de ses sédiments orangés.

Nous prenons la route à droite pour longer la côte sud. C'est une toute mince frange de terre verdoyante dominée par la montagne et ses falaises.

Après la cascade de Goro, la route remonte sur le plateau de la Plaine des Lacs où nous retrouvons cette terre métallique et latérisée par des millénaires de soleil brûlant.

Terre sur laquelle s'accroche à la vie cette végétation mystérieuse.

Nous roulons des kilomètres et des kilomètres, seuls au milieu de "rien" à nous demander si nous avons bien pris la bonne route ...

Croiser une ou deux rares voitures nous rassure un peu ... alors même que nous devons rouler sur une piste inondée par les pluies de la veille

Et dans ce "désert" nous sommes stupéfaits de découvrir que le bagne du 19ème siècle y tenait des établissements pénitentiaires pour exploiter les bois des forêts d'alors. Ceci pour fournir du bois d'oeuvre pour les maisons de Nouméa. Voici ce qu'il reste de l'établissement de Port-Boisé.

On accède à ces coins perdus par des pistes de billes de ferro-nickel dures et  "glissantes" comme du verglas.

Continuant notre route de retour vers le lac de Yaté, passé un petit col, nous debouchons horrifiés sur  l'usine de nickel de Valé (vous savez, la multinationale brésilienne dont les barrages craquent en déversant ses boues tuant des centaines de personnes ...)

Que penser de la balafre infligée à la Terre : balafre éternelle détruisant définitivement le relief et sa végétation si particulière. 

Quel bénéfice pour la Calédonie ? Zéro € de revenu d'împot sur les sociétés, l'usine n'ayant aucune rentabilité.

Les salaires et les charges sociales des employés représentent moins de 8 % de ce que la métropole injecte en Calédonie (1,4 Md d'€ en dotations aux collectivités, en salaires des enseignants, subventions et autres équipements hospitaliers etc.)

Cela vaut-il la peine de mutiler ainsi un pays ? Qu'en diront les générations futures ?

Continuant le coeur lourd notre chemin, nous faisons halte aux incontournables Chutes de la Madeleine...

... pour y admirer une fois encore plantes et fleurs ...

 ... et quelques arbustes endémiques tel ce "bois-bouchon" (rétrophyllum minus) qui vit les pieds dans l'eau et dont il ne reste plus que ces quelques exemplaires.

Voilà, il se fait tard, le soleil est bas sur le lac, il est temps de retourner dans notre cabadienne pour une dernière nuit.

Demain nous retournons pour la dernière fois à Nouméa.

4 mars 2020

Après le déluge de la veille, nous nous réveillons sous le soleil et la douce chaleur humide que nous aimons tant.

Nous allons en profiter pour randonner dans le Rivière Bleue.

L'eau a sédimenté de toute la terre colorée charriée par le ruissellement de la veille.

Nous retrouvons la symphonie en rouge vert bleu !

La Rivière Bleue est interdite aux voitures, une navette mini bus nous prend en charge à partir du Pont Pérignon et nous dépose là où l'on souhaite.

Les pieds dans l'eau depuis 60 ans une forêt de chênes-gommes, dont le bois est imputrésciblse, dresse ses silhouettes fantomatiques dans le lac.

Nous allons au terminus de la navette, tout en amont, et revenons à pied le long du cours de la rivière

Nous retrouvons l'alternance de maquis minier et de forêt dense selon les sols et les endroits traversés

Nous digressons par plusieurs petits circuits balisés à gauche et à droite de la route...

Celui-ci nous fait monter vers une belle vue dominant le lac ...

...et le grand kaori qui dépasse de toute sa couronne le reste de la forêt.

Le ciel se couvre, les nuages se font menaçants ... nous réservant un festival de lumières et de contrastes...

le ciel n'est bleu qu'un court instant ...

... avant de nous déverser, comme la veille, des trombes d'eau devenant rivières couleur de sang.

Nous sommes revenus le 26 février du Vanuatu, très touchés par ces gens comme vous le comprenez maintenant.

Il nous reste 16 jours que nous mettons à profit pour rencontrer une dernière fois nos amis/familles, pour (re)visiter le sud de la Calédonie et moi, pour me plonger dans les splendeurs du lagon "le plus grand du monde".

Ce 3 mars, nous partons pour le "Sud" et allons camper dans le "Parc Territorial de la Rivière bleue".

La vue satellite montre la route qui part à l'Est de Nouméa sur 70 km jusqu'à Yaté, et qui forme une grande boucle pour revenir à La Coulée. Toute cette région au sud de la Calédonie est un quasi désert humain. Ceci est dû à son sol composé de métaux lourds (fer, nickel, chrome, arsenic ...) Aucune plante potagère ou commestible n'y résisterait. Mais, miracle de la puissance de la nature, plus de 2000 à 3000 plantes ont su s'adapter à ces poisons. On est dans une sorte de végétation extra-terrestre endémique qui, en raison des difficultés à pousser, ne dépasse que difficilement 1,5m et 5m maximum pour les plantes les plus hautes. C'est ce qu'on appelle le maquis minier.

La route sinueuse atteint et longe un lac en forme de doigts : c'est le lac barrage de Yaté, mis en eaux en 1959. Il alimente en électricté la ville de Nouméa et les usines de nickel terriblement énergivores avec leurs hauts-fourneaux.

Elle est taillée dans cette terre aux déclinaisons de bruns, rouges, oranges et parfois jaunes.

Le lac est entouré de montagnes qui dépassent 1000 m en amont de son bassin. On y distingue les vallées de la Rivière Blanche (croix blanche) et de la Rivière Bleue (croix ... bleue).

La croix jaune indique l'entrée du parc de la Rivière bleue. C'est dans ce parc de 22 000 hectares (220 km²) que nous nous promenons durant 3 jours à la découverte de paysages et de plantes fantastiques.

Notre hébergement est au "Camp des Kaoris", à l'entrée du parc, que nous atteignons en longeant cette allée plantée de Kaori (à droite) et d'araucarias à gauche.

Tout y est aménagé pour un camping confortable : nous y dormons dans l'une des cabadiennes, et disposons d'une cuisine, de tables et de sanitaires parfaits. Nous n'avons besoin d'apporter que nourriture et sacs de couchage.

La rentrée scolaire 2020 vient à peine d'avoir lieue, aucune classe verte n'envahit le site, nous sommes donc seuls et profitons d'un silence absolu !

Une fois installés, nous nous dirigeons, par une piste de latérite de 12 km, vers la Rivière Blanche. Une pluie fine nous accompagne.

Grâce aux pluies des derniers jours, le barrage est plein, et les eucalyptus de la berge se retrouvent les pieds dans l'eau.

Après avoir pique-niqué dans un des nombreux abris magnifiquement installés par le Parc, nous entamons la marche du sentier des palmiers.

Mais la pluie devenant déluge, nous avons dû renoncer à regret.

En Europe, lorsqu'il pleut, on parle de temps gris, mais qu'en est-il ici ?

L'eau prend la couleur du sang, comme une plaie d'Egypte, colorant étrangement le lac de ses sédiments métalliques.

Ailleurs, on découvre des contrastes inconnus ...

Puis le calme revient sur les marécages de la Rivière Blanche, et les nuances de verts s'estompent en cette fin d'après-midi.

21 février 2020 suite

Après ces rencontres chaleureuses, nos guides nous font la surprise de se mettre en route vers ... le volcan.

Là, au milieu de la plaine de cendres, c'est à dire nulle part, nous sommes attendus par tout un groupe de villageois qui ont aménagés une butte verdoyante.

Ils nous racontent, par une légende, en danse, en musique et en chants l'importance pour leur survie dans les îles, du cocotier.

Nous sommes ensuite invités à tirer à l'arc sur la noix de coco pour la libérer de son sort, et ayant atteint l'objectif, je m'attire la sympathie des anciens.

La partie de rigolade se poursuit par une invitation à la danse accompagnés par un ensemble instrumental et vocal.

Nous nous sommes laissés prendre au jeu, et cela leur a fait grand plaisir. Nous en avons même eu droit à des danses supplémentaires ! J'étais épuisé à la fin.

Après ces moments de plaisir et de partage, il est temps de remercier et de quitter tous ces nouveaux amis.

En effet, la maman de notre couple de guides nous attend pour nous servir le repas.

Nous n'allons pas très loin, nous roulons 5 minutes sur le désert de cendres, et arrivons au pied du volcan pour être accueillis dans un restaurant fort joliment planté et décoré.

Au menu, omelette aux oignons, patates douces, igname, manioc en sauce au coco et curry... Rien que pour nous deux !

Yasur nous offre son spectacle magnifique de panaches de fumée éructés dans un grondement sourd et continu.

Après le repas nous remercions notre excellente cuisinière et son aide puis visitons son jardin.

Les plantes poussent difficilement sur un sol noir et semble-t-il sec et ingrat. Le jardin aménagé avec goût, avec les matériaux offerts par la nature, dégage un charme étrange et envoûtant.

Devant la cuisine est aménagé un curieux jardin carré protégeant une dépression dans le sol : c'est un tunnel de lave ...

... dans lequel, nous explique-t-on, les anciens se cachaient pour échaper aux guerres tribales et au cannibalisme qui s'en suivait.

La journée n'est pas finie, nous quittons le volcan et retournons maintenant vers Lenakel en passant par un troisième village où nous attend une surprise : nous allons profiter de magie noire !

Le guide nous explique que nous allons rencontrer les cannibales ! J'ai répondu que c'est impossible, ayant mangé le dernier hier !! Nous avons bien rigolé ....

Arrivés à ce village, nous avançons dans la végétation luxuriante vers un banian ... duquel s'échappent les cris aigus de petits lutins prêts à nous dévorer...

Mais en fait ce sont les ogres, bondissants de leur cachette végétale, qui nous assaillent, avec des cris monstrueux, pour nous capturer ...

Apparaît alors le sage chef du village, tout de feuilles de bananier vêtu, qui nous sauve des assaillants.

Ayant rétabli la paix, le chef nous explique que la tradition est de tester la future solidité d'un couple qui souhaite se marier.

Par la magie de deux feuilles, il va s'assurer que nous serons fidèles et constants pour la suite de notre vie. Il prend deux feuilles, et après les avoir pressées l'une contre l'autre s'assure de la solidité de leur union.

Puis il demande à Josiane et à la guide de quitter l'endroit  ... , me défait de mon Tshirt, me prépare .... et fait avancer toute la troupe vers Josiane, en chantant et en dansant.

Ils étaient surpris et ravis que nous nous soyons prêtés avec tant de bonne humeur à ce jeux de rôle.

Aussi lorsque le moment est venu d'échanger les paroles de remerciement et d'au revoir, l'émotion est particulièrement intense.

Et le chef, car c'est réellement le chef du village, devenant soudain grave et sérieux, m'a à ce moment là demandé de transmettre le message à notre président : "dites à votre Président que si la France veut revenir, nous l'attendons, et Elle sera la bienvenue et bien accueillie"

Nous nous sommes quittés la gorge nouée.

21 février 2020

L'hôtelière vanuataise propose dans ses prestations différents circuits de découverte de l'île de Tanna en partenariat avec quelques villages. Nous avons décidé de casser notre tirelire et d'aller à la rencontre des habitants, une journée entière.

En cette saison creuse (pour cause de cyclone possible) il y a très peu de touristes qui fréquentent le Vanuatu, et bien que n'étant que nous deux, nous sommes cherchés à l'hôtel par un couple de jeunes guides. La journée est organisée "rien que pour nous".

Que va donc nous réserver cette journée qui commence par un rapide passage au marché de Lenakel, petite bourgade "capitale" de Tanna.

Nous y découvrons le délicieux goût de faîne de ces graines décoriquées et mises en brochette.

Puis traversant les villages nous nous rendons compte que Tanna est très peuplée. Tout pousse si bien sur la cendre du volcan que l'alimentation y est abondante comme nous l'avons vu au marché.

Arrivés là, une gentille dame nous guide à travers les cultures vers le plus grand banian du Vanuatu

Des banians, nous en avons déjà vu de nombreux en Calédonie et en Austarlie, alors qu'a-t-il de spécial celui-là ?

Son gigantisme, effectivement.

Toute la végétation de cette photo n'est qu'une partie de cet individu qui a plus de 400 ans selon les estimations des botanistes.

Mais ce n'est qu'en s'en approchant de près que l'on réalise sa taille !

Nous pénétrons abasourdis dans un orgue végétal extraordinaire.

Nous entrons dans une véritable cathédrale à la Gaudi. Nous avançons et nous perdons entre les centaines de piliers créés par les racine aériennes descendant des branches.

Seul un personnage sur les photos permet de s'imaginer la hauteur de cette immense voûte végétale dont les branches s'étendent sur des centaines de mètres carrés.

J'imagine tous les enfants qui ont joué dans ces racines.

La tête encore dans les feuillages, nous sommes conduits vers un autre village.

Là un grand nombre de villageois se sont mobilisés pour nous présenter quelques aspects de la vie traditionnelle : une sorte de petit écomusée en sorte, sauf que les gens y habitent réellement.

Une autre guide nous présente les cultures maraîchères et fruitières. Et comme nous commençons à nous y connaître en ignames, taros, bananes et autres choux sauvages, nous avons plein de questions et d'informations à échanger avec elle.

Là, cette dame nous montre comment préparer le laplap, sorte de bougna vanuatais, mais dont les légumes sont râpés sur une tige de fougère arborescente.

Puis voici qu'arrivent les jeunes et les enfants qui nous font une démonstration de colin-maillard et autres jeux de groupe.

 On nous montre ensuite comment faire du feu par friction de deux bois de duretés différentes ...

 Hélas, moi, je n'est plus la force nécessaire ...

Et pour terminer, les villageois nous ont proposé trois danses collectives.

Quelle gentillesse à chaque étape, quelle magnifique matinée !

Que va nous réserver l'après-midi ???

19 février 2020

Après 3 jours passés dans l'intimité du volcan, et constatant qu'il n'y avait pas d'activité ou de promenade proposées à partir du gîte, nous nous sommes transportés de l'autre côté de l'île dans un endroit plus confortable.

C'est ainsi que nous avons découvert le "Tanna Evergreen Resort", le seul hôtel créé, construit, et appartenant à un couple de vanuatais, tous les autres étant la propriété d'étrangers ...

Cet ensemble a été construit progressivement sur un ancien récif surélevé, ainsi tous les murs et l'aménagement du jardin sont faits de pierres de corail mort ramassées au fil du temps sur les plages.

Devant l'hôtel une résurgence d'eau douce formant une petite rivière se déverse dans la mer en se transformant en mini estuaire salé. Nous y observons donc un peu de la faune des deux eaux : poissons, grenouilles et crabes qui trouent le gazon de leurs terriers

Certains appartements ont vue sur mer,

    mais nous avons choisi un petit bungalow plus discret, caché dans la végétation dense.

Après avoir connu la pauvreté des villageois, au pied du volcan, nous étions plutôt mal à l'aise de nous retrouver dans cet hôtel pour touristes qui ne manquent de rien.

Et nous avons réalisé qu'en fait un touriste peut très bien ne se rendre compte d'aucune des réalités du pays dans lequel il séjourne, protégé dans sa bulle de confort.

Nous nous sommes donnés bonne conscience, ici, en constatant que tout le personnel est vanuatais, et en nous disant que notre argent irait alors en salaires pour des gens qui connaissent les difficultés du pays.

Nous avons toutefois bien profité de l'abondance relative, en tentant de faire comprendre (en vain) à quelques clients francophones plus exigeants, et qui en voulaient toujours plus "pour leur argent", la réalité des difficultés d'approvisionnement sur une île.

Il faut aussi savoir partager ...

Nous avons profité d'un parc magnifique,....

...... d'une piscine en terrasse très originale, dont l'eau est inévitablement et continuellement chargée des cendres du Yasur, ce qui dérange les touristes snobs ......

... que voulez-vous donc faire contre ce nuage craché par le volcan ????

..... et de quelques beaux moments de lumière.

17 et 18 février

Enfin nous allons pouvoir nous transporter au plus près du cratère. Nous choisissons d'y aller en fin d'après-midi pour profiter du coucher de soleil et des lueurs de la lave dans la nuit.

L'accès au volvan est maintenant verouillé par une société (chinoise ?) qui demande un droit d'entrée de ... 85 € ! Les autochtones n'ont plus de droit de monter "leurs touristes" individuellement. Il faut passer obligatoirement par le centre d'accueil.

Depuis le gîte, on y est véhiculé par notre hôte, mais on peut aussi y aller à pied en traversant la forêt durant une demi heure. C'est ce que je fais pour ma deuxième montée au cratère.

J'apprends ainsi qu'on peut reconnaitre qui est passé précédemment, car chaque trace de pied laissée dans la cendre du chemin est unique et reconnaissable comme un visage, pour les habitués ...

Au centre d'accueil, après avoir réglé notre dû, et visité une présentation des nombreux volcans du Vanuatu, on nous conduit sous un banian pour nous donner quelques consignes. Dans les villages vanuatais, la "salle du conseil municipal" est toujours la place dédiée qui est aménagée sous un banian. On appelle cette place un lakamal, et le banian, arbre sacré, tient lieu en quelque sorte de portrait du Président de la République ...

On nous explique qu'avant de monter sur le Yasur, qui dans leur mythologie est une sorte de dieu, il faut lui demander, de façon rituelle, l'autorisation de le gravir et lui dédier une ou deux danses.

Certes, c'est du folklore à touriste, diront certains. Mais ce qui compte avant tout c'est le plaisir visible qu'ils ont à nous montrer cet aspect de leur ancien mode de vie, et le plaisir que nous avons à recevoir ce moment de partage.

Pour la deuxième danse, le public a été invité à participer ...

Après cela nous grimpons dans les pick-up et montons par une piste défoncée vers le cratère.

Les derniers mètres se parcourent à pied depuis un parking à 300 m du cratère.

Un escalier aménagé par les chinois en facilite l'approche.

Plus de doute, on sait qui verrouille l'accès à prix d'or ....

Arrivé en haut, un cratère de 400 m nous laisse deviner 2 à 3 des 4 bouches à feu. Nous sommes parfois entourés d'un nuage de soufre puant ou percuté par des millions de poussières de basalte. Les oreilles en sont remplies et les dents crissent !

Il faut également se rendre compte que nos pieds et notre ventre vibrent du tonnerre de chaque explosion, la sensation est grisante, mais nous faisons bien attention car nous sommes à moins de 50 cm du gouffre.

 Le soleil se couchant, les couleurs de la lave deviennent de plus en plus perceptibles.

Les bouches crachent alternativement leur fureur.

Quel spectacle, la bouche de Vulcain !

Dimanche 16 février 2020

Une certaine excitation nous empare : nous allons enfin savoir à quoi ressemble ce fameux volcan ! Il faut faire un saut de puce en ATR72 pour changer d'île : voici Tanna.

Puis nous sommes pris en charge par un vanuatais qui nous attendait avec son pick-up pour nous conduire au pied du volcan : 23 km de route à parcourir en 1h30 !???

Enfin ! Nous apercevons le Yasur fumant. Yasur est un petit volcan actif dans une caldeira que l'on devine bien sur cette photo. Une caldeira est une dépression crée par l'effondrement d'un volcan bien plus vaste qui un jour a explosé de manière apocalyptique en vidant sa chambre magmatique sous-jacente. Les montagnes que l'on devine à droite, et que nous descendons en voiture après avoir passé un petit col, sont le reste de l'ancien cratère bien plus gigantesque donc.

A partir de là, la route se transforme en piste. Une piste taillée dans des mètres d'épaisseur de cendres volcaniques, accumulation de poussières de basalte noir. Piste ravinée facilement par les pluies régulières.

Voilà pourquoi il nous faut une heure et demi pour parcourir cette "petite" distance. Ici on ne compte donc pas les trajets en km, mais en temps nécessaire.

C'est d'autant moins rapide que cette piste est utilisée par de nombreux piétons.

En nous approchant du volcan, nous traversons une vaste plaine fantômatique de cendres, juste sous le vent dominant par rapport au cratère. On se croirait sur la Lune ou sur toute autre planète étrange et inhospitalière. C'est une sorte de Sahara en noir !

Et c'est là qu'on nous explique que tous ces marcheurs sont, en ce dimanche soir, les jeunes qui rejoignent leur école en deux ou trois heures de marche. Comme l'école est "loin", ils y vont à pied, et donc y seront logés durant la semaine. Le vendredi après-midi, la migration en sens inverse devra s'effectuer avant la nuit ...

Sérieux ? il faut traverser ici ?  

Plus loin, nous retrouvons une piste "normale" dans la végétation épaisse, puis nous montons une dernière pente archi raide pour trouver notre hébergement familial au sommet d'une colline de laquelle nous avons tout loisir d'observer et surtout d'entendre le Yasur.

Nous voici enfin arrivés à notre gîte.

Notre bungalow est des plus modeste, mais nous disposons de l'eau courante grâce à un captage à 3 km plus en amont.

Nous avons donc un robinet (l'eau est un peu chargée en poussière de basalte) et des douches (froides) avec WC attenants derrière Josiane.

C'est somme toute très bucolique et bien planté de nombreuses plantes qui délimitent espaces et chemins d'une case à l'autre. La case est décorée avec des bandes de tissu, mais les poussières volcaniques entrent continuellement par chaque orifice. C'est sommaire, et cela nous fait réaliser la vie quotidienne des habitants du Vanuatu.

Nous disposons d'un "restaurant" dans lequel on nous sert les petits déjeuners et de bons plats au dîner, le tout confectionné avec les moyens du bord. (Aller faire des courses, s'il n'y a plus de confiture, c'est 3 h de route quand on a une voiture, alors plus de confiture au petit dej quand des gourmants ont vidé le pot égoïstement ...). Avec l'humidité (thé au goût de champignon et sucre à la poussière du Yasur), nous comprenons l'état de certains ingrédients : il faut l'accepter ou aller ailleurs.

Il faut accepter d'être heureux avec ce que l'on a ici. C'est la philosophie de nos hôtes qui tiennent ce gîte. Il n'y a pas d'électricité en 220 V, ils font la lessive à la rivière, et gèrent la nourriture sans réfrigérateur. Bien sûr pas de télé, ni d'ordinateur, ni de tablette de jeux etc.

Seul accès à notre technologie, les panneaux solaires pour fournir un peu d'éclairage le soir, un groupe électrogène durant 2h le soir [(carburant très cher) pour recharger les appareils des clients] et leur télépone portable (rechargé dans les voitures) qui leur pemet de communiquer entre eux et de se rendre mutuellement et continuellement service dans cette vie compliquée.

Ils sont pauvres, nous a dit la maman, mais ils sont heureux. Ils n'ont pas de tentation consumériste, ... mais pour combien de temps encore ?

Alors pourquoi avoir choisi un gîte si rustique ? Pour vivre la réalité des gens d'ici et, bien sûr, pour être au plus près de Yasur que nous voyons fumer et entendons gronder 24 h sur 24 !

Nous ne nous lassons pas de contempler cette puissance sortie des entrailles de la Terre.