Road trip avec Johannès et fort de Teremba
Johannès a eu l'excellente idée de nous proposer une sortie voiture en direction du nord. Nous longeons donc la chaine par la côte ouest et redécouvrons la "plaine" jusqu'à Bourail, à 170 km de Nouméa.
Même si elle est, pour nous européens, très récente, l'histoire tumultueuse de la Calédonie marque les paysages tout au long du parcours.
Tout au long de la route, se trouvent de grands troupeaux de bovins sur les propriétés des colons caldoches.
Toutes ces collines donnent un petit air vosgien, (voire Forêt Noire ?) mais ne nous y trompons pas, ces habitants européens sont arrivés ici par les misères exportées de la métropole dès les années 1860, et leur installation s'est faite souvent dans la douleur, par contrainte et avec de nombreux conflits avec les kanaks spoliés de leur terres traditionnelles. Cette histoire tourmentée et souvent violente marque encore de nombreux esprits : certains dans une volonté de paix et de "vivre ensemble", d'autres dans une volonté de revanche, même si s'en prendre aux gens d'aujourd'hui pour les actes de leurs ancêtres n'a absolument aucun sens.
Nous passons la passerelle Marguerite restaurée en 1997.
Alors quelle est cette histoire ?
Pour nombre d'européens, elle commence avec le bagne et son lot de déportés qui n'ont pas choisi leur "pays d'accueil" à des mois de navigation de la France.
Ce triste passé est extraordinairement évoqué au Fort de Téremba, un des nombreux établissements du bagne en Calédonie, près de La Foa à 110 km de Nouméa.
Les ruines de ce fort ont été débroussées et reconstruites depuis les années 1980/90 par des passionnés d'archéologie, que ce soient des adultes ou des collégiens et lycéens. Ce lieu de misère a alors été un lieu d'échanges et de formation pour les calédoniens de toutes origines.
L'écrasant bâtiment du gouverneur, dit le "Blockhaus", impose le regard sévère de la "justice" française sur les forçats.
Quelles options pour les candidats à l'évasion ?
Une jolie vue sur les montagnes peuplées de Kanaks hostiles aux bagnards et récompensés par l'administration pénitentiaire s'ils ramènent les évadés ....
... ou une jolie vue sur la mer, son immensité et ses requins (prochaine île 2000 km) ...
.... avec, en cas d'échec, l'allongement de la peine, voire la guillotine.
Sur le chemin dur retour, en passant devant la Trésorerie de La Foa, j'ai eu une pensée émue pour mes ex collègues comptables publics qui n'ont pas encore pris leur retraite.